Maroc - LE TEMPS - Tous - 14/Feb 13:11

La Chaux-de-Fonds se prépare à un débat émotionnel sur sa patinoire

L’exécutif de la ville a présenté vendredi son rapport sur le projet devisé à 69 millions de francs. Il prévoit la création d’une fondation pour assurer son financement sans peser sur la dette communale. Le législatif en débattra le 19 marsLe projet est ambitieux. Le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds en a bien conscience au moment de dévoiler son rapport sur la rénovation de la patinoire des Mélèzes, devisée à 69 millions de francs. Réunis in corpore vendredi 14 février dans la buvette junior de l’enceinte ouverte en 1954, les cinq membres de l’exécutif s’expriment à tour de rôle pour afficher leur conviction quant à la nécessité de réaliser ces travaux planifiés entre 2026 et 2029. «Il nous faut collectivement de l’ambition et du courage, et nous n’en manquons pas», appuie le socialiste Théo Huguenin-Elie, responsable de l’urbanisme et des bâtiments.Derrière les orateurs s’entraînent les joueurs du HCC, qui disputent actuellement les quarts de finale des play-offs après avoir terminé deuxièmes de la saison régulière en Swiss League. «Cette infrastructure ne répond plus aux besoins de la population et des utilisateurs, ainsi que du club qui vise la National League», insiste l’UDC Thierry Brechbühler, président de la ville chargé des sports. La patinoire rénovée, ou plutôt reconstruite, proposera deux champs de glace couverts, ainsi qu’une capacité «raisonnable» de 6500 places contre 5200 actuellement.Lire aussi: Patinoire vétuste et incertitudes financières: pour le HC La Chaux-de-Fonds, la promotion reste impossible Autour de la table, tout le monde insiste sur le rayonnement que pourrait apporter cette nouvelle patinoire à la Métropole horlogère. A l’intérieur du canton de Neuchâtel, en tant que centre régional et cantonal des sports de glace, mais aussi à l’extérieur, en tant que vitrine pour les supporters venus d’ailleurs ou les touristes de passage. «Toute ambition a son coût», relève le PLR Jean-Daniel Jeanneret, grand argentier de la ville, en évoquant «un investissement majeur de ce siècle». Des partenaires privés, mais un financement public Pour éviter d’augmenter la dette communale d’environ 14%, une solution a été trouvée via un partenariat public-privé. Une fondation, dans laquelle la ville sera majoritaire, sera créée par la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs (FNE). Elle sera chargée de contracter les emprunts nécessaires, avec un cautionnement de 69 millions de francs assuré par la commune afin d’obtenir les conditions les plus favorables possibles. «Nous voulons que les retombées de ce chantier aillent aux entreprises du canton», poursuit Jean-Daniel Jeanneret.«Les attributions se feront en respectant scrupuleusement la concurrence et la loi sur les marchés publics», insiste Jean-Claude Baudoin, président de la FNE. Durant les trois ans que durera le chantier, les entreprises devront assumer le remboursement des intérêts en cherchant des investisseurs. Ensuite, la ville versera une location estimée à 3,2 millions de francs par an au maximum à la fondation constituée pour trente ans, avant de redevenir propriétaire de la patinoire. Ce montant sera en partie assuré par une hausse des recettes annuelles de la patinoire estimée à 750 000 francs. Ce que disait le président il y a un an: Champion de deuxième division, «le HC La Chaux-de-Fonds en veut encore plus» Malgré ce partenariat, c’est bien au final la collectivité publique qui déboursera 69 millions de francs, auxquels s’ajouteront des intérêts et des amortissements inclus dans le calcul de la location. «Comme il n’est pas prévu de centre commercial ou de logement, difficile de trouver de grands investisseurs, indique Jean-Daniel Jeanneret. Nous ne voulons pas non plus concurrencer le HCC en approchant ses sponsors. Mais si nous ne réalisons pas ce projet, il faudra de toute façon investir 25 à 30 millions de francs dans une remise aux normes. Quoi qu’il advienne, les coûts supplémentaires pour la ville se monteront au moins à 1,5 million par an.» Débat émotionnel en vue Le rapport présenté vendredi sera soumis au Conseil général le 19 mars prochain, lors d’une séance extraordinaire. «Il se déroulera exceptionnellement à la Maison du Peuple et non à l’Hôtel de Ville, avec la possibilité d’accueillir une centaine de personnes dans le public», précise l’écologiste Ilinka Guyot. En raison d’un débat qui pourrait être très émotionnel – la commission financière l’a préavisé avec huit voix pour, cinq contre et deux abstentions – l’organisation a été concertée avec la sécurité publique et la police.«Il est normal qu’un tel investissement puisse effrayer. C’est un grand projet qui cristallise les regards», analyse Jean-Daniel Jeanneret. «Nous apportons une vision, un concept, et certains peuvent estimer que ce n’est pas les bons pour des raisons qui leur sont propres et légitimes. Ceux qui considèrent que c’est trop cher peuvent le dire et c’est respectable, conclut Théo Huguenin-Elie. Mais ce n’est pas notre avis!» Lire aussi: De Boston à La Chaux-de-Fonds, comment la chanson «Sweet Caroline» est devenue un hymne sportif